Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/480

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uns pour les autres, et que mes vœux soient les vôtres à tous ! Si, ce qu’à Dieu ne plaise, votre mort était cruelle (je dis cruelle, non que la mort soit cruelle en elle-même, puisque c’est un sommeil, mais enfin je dis cruelle, pour me mettre à votre point de vue), s’il en était ainsi, et si quelqu’un d’entre vous louait des pleureuses à gages, croyez-moi, car je parle sérieusement et j’y suis bien décidé, croyez-moi, et fâchez-vous, si vous voulez, j’interdirai pour longtemps l’église au coupable. Car si Paul traite les avares d’idolâtres, ils sont bien plus idolâtres encore ceux qui introduisent dans le séjour des fidèles les pratiques de l’idolâtrie. Pourquoi en effet, je vous le demande, appeler des prêtres et des chantres ? N’est-ce pas pour vous consoler vous-même, n’est-ce pas pour honorer celui qui est sorti de ce monde ? Pourquoi donc l’insulter ? Pourquoi le donner en spectacle ? Pourquoi ces pratiques théâtrales ? Nous venons à vous pour méditer sur la résurrection, pour vous instruire tous, pour apprendre, par honneur pour l’apôtre, à ceux qui ne sont point encore frappés, le moyen de supporter avec courage les coups du sort, et vous nous amenez des personnes qui s’efforcent pour leur part, de détruire notre ouvrage ?
6. Quoi de plus odieux qu’une dérision aussi amère ? Quoi de plus grave qu’une conduite aussi irrégulière ? Rougissez et soyez couverts de confusion. Si vous ne voulez pas changer de conduite, nous ne pouvons souffrir, nous, que ces pernicieuses : habitudes s’introduisent dans l’Église. « Accusez », est-il dit, « les pécheurs devant tout le monde ». (1Tim. 5,28) Oui, nous défendons à ces malheureuses que vous amenez ici, d’assister aux funérailles des fidèles, sous peine do, se voir forcées à pleurer, avec des larmes véritables, non pas le malheur des autres, mais leurs propres infortunes. Un père qui aime son fils, quand ce fils se dérange, ne se borne, pas à lui interdire la société des méchants, il effraie les méchants. Je vous engage donc à ne pas appeler ces femmes, et je les engage à ne pas se présenter. Et fasse le ciel que nos paroles soient écoutées et que nos menaces ne soient pas vaines ! Si, ce qu’à Dieu ne plaise, on méprisait nos avis, nous serions forcés de joindre l’effet à la menace, en vous traitant d’après les lois ecclésiastiques, et en traitant ces femmes, comme elles le méritent. Si quelqu’un accueillait nos paroles avec un mépris insolent, nous lui dirions d’écouter du moins ces paroles du. Christ : « Si votre frère a péché contre vous, allez lui représenter sa fauté en particulier entre vous et lui, s’il ne vous écoute point, prenez encore avec vous une ou deux personnes ; s’il ne les écoute pas non plus, dites-le à l’église ; et s’il n’écoute pas l’église même, qu’il soit à votre égard comme un païen et un publicain ». (Mt. 18,15-17) Si je dois haïr ainsi celui qui se rend coupable de désobéissance envers moi, je vous laisse à penser la conduite que je dois tenir à l’égard de celui qui est coupable envers Dieu et envers lui-même, puisque vous condamnez la mollesse et l’indulgence dont nous usons envers vous. Si, vous méprisez nos liens, que le Christ vous instruise en ces termes : « Tout ce que vous aurez lié sur la terre, sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre, sera délié dans le ciel ». (Mt. 18,18) Malgré notre néant, et tout malheureux, tout digne de mépris que nous sommes, nous ne nous vengeons pas, nous ne vous rendons pas outrage pour outrage, mais noua veillons à votre salut.
Rougissez donc, je vous en supplie, et que votre visage se couvre de confusion ; car si l’on souffre la véhémence d’un ami qui s’emporte contre nous, par égard pour le but qu’il se propose, et pour la bienveillance dénuée de hauteur qui lui dicte ses paroles, à combien plus forte raison ne devez-vous pas supporter les reproches d’un maître, surtout quand ce maître ne vous parle point en son nom, surtout quand il vous parle non comme un chef, mais comme un tuteur ! Ici en effet nous n’avons pas pour but de faire acte d’autorité, puisque notre désir est que vous ne nous réduisiez pas à vous faire sentir notre pouvoir. Mais nous vous plaignons et nous pleurons sur vous. Pardonnez-nous et ne méprisez pas les liens de l’église ; car ce n’est pas l’homme qui lie, c’est le Christ qui nous a donné le pouvoir de lier et qui a voulu, que les hommes fussent honorés, de ce pouvoir : nous voudrions n’en faire usage que pour délier, que dis-je ? nous voudrions que ce dernier acte, même ne fit pas nécessaire. Car nous ne voudrions pas qu’il y eût des prisonniers parmi vous ; nous ne sommes point assez infortunés et assez, misérable pour former, un pareil vœu, malgré notre néant. Mais si : vous nous imposez un triste devoir, pardonnez-nous. Ce n’est pas de bon cœur, ce n’est pas de plein gré, c’est en gémissant plus que ceux qui sont dans nos liens, que nous vous chargeons de chaînes. Et si vous méprisez nos liens, le jour du jugement viendra vous instruire. Je ne veux pas, vous en dire davantage, pour ne pas frapper vos âmes de terreur. Car avant tout, nous vous prions de ne pas nous réduire à une dure nécessité ; mais, si vous nous y forcez, nous ferons notre devoir, nous vous chargerons des liens. Si vous les brisez, j’aurai fait, ce qui dépend de moi et je ne serai pas en faute. Mais il vous faudra compter avec celui qui m’a donné l’ordre de lier. Que sur l’ordre du roi, un de ses gardes reçoive l’ordre de lier un des assistants et, de le charger de chaînes, si le condamné repousse le garde, et non content de cela, brise ses fers, ce ne sera pas le satellite qui sera outragé, ce sera bien plutôt le roi de qui l’ordre émane. Si donc, selon Dieu même ; ce que l’on fait à ses fidèles, on le fait à Dieu, les outrages que vous adressez, à ceux qui ont reçu mission de vous instruire, remontent jusqu’à lui : n’est comme si vous l’outragiez lui-même.
Mais à Dieu ne plaise que l’un de ceux qui sont dans cette assemblée en vienne à nette extrémité et nous réduise à le lier ! Car s’il est bon de ne pas pécher, il est utile de savoir supporter les réprimandes ; sachons donc les supporter, étudions-nous à ne pas pécher ; mais si nous péchons, sachons supporter la réprimande. Il est bon d’éviter les blessures ; mais ; en cas de blessure,