et il fait entendre une voix d’autant plus éclatante et plus significative, que la réalité l’emporte sur la figure, en fait de témoignage.
« Prenez garde de ne pas mépriser celui qui vous parle ; car si ceux qui ont méprisé celui qui leur parlait sur la terre, n’ont pu échapper à la punition, bien moins l’éviterons-nous, si nous rejetons celui qui nous parle du ciel ; lui dont la voix alors ébranla la terre, et qui a fait pour le temps où nous sommes, une nouvelle promesse, en disant : J’ébranlerai encore une fois, non seulement la terre, mais aussi le ciel. Or, en disant. Encore une fois, il déclare qu’il fera cesser les choses muables, comme étant faites pour un temps, afin qu’il ne demeure que celles qui sont pour toujours. C’est pourquoi commençant déjà à posséder ce royaume, qui n’est sujet à, aucun changement, conservons la grâce, par laquelle nous puissions rendre à Dieu un culte qui lui soit agréable, étant accompagné de respect et d’une sainte frayeur. Car notre Dieu est un feu dévorant (25-29) ». Si l’appareil an tique est terrible, le nouveau est beaucoup plus admirable et plus glorieux. Nous n’y voyons plus les ténèbres, les nuées sombres, la tempête. Et si l’on demande pourquoi Dieu se montrait alors par le feu, il me semble que cette circonstance indiquait figurément l’obscurité de l’Ancien Testament, et cette loi mosaïque si voilée, si enveloppée d’ombres épaisses. On comprenait par là d’ailleurs que le législateur doit, au besoin, être terrible et capable de punir les transgresseurs.
2. Mais pourquoi le son de la trompette ? C’était l’occasion nécessaire, puisqu’elle retentit d’habitude pour annoncer un roi. Elle doit se faire entendre encore, bien certainement, au second avènement du Seigneur. Nous serons tous, dit l’apôtre, réveillés par la trompette, de sorte que la puissance de Dieu produira cette résurrection générale. Au reste, ce son de la trompette ne signifie qu’un fait ; c’est que tous, nous devrons ressusciter. Mais, en Israël, tout était réellement tableaux et voix ; tandis que dans l’avenir qui devait suivre, tout est pour l’intelligence seule, tout invisible. – Le feu n’avait non plus d’autre sens, sinon que Dieu même est un feu. Car, dit l’apôtre, « notre Dieu est un feu dévorant ». – La nuée sombre, les ténèbres, la fumée, montrent aussi qu’il s’agit d’une loi redoutable ; c’est dans la même pensée qu’Isaïe a dit : « Le temple fut rempli de fumée ». – Pourquoi la tempête du Sinaï ? Pour montrer la paresse et la lâcheté du genre humain. Il lui fallait de ces coups de tonnerre pour le réveiller ; aussi, ne se trouvait-il aucun homme assez stupide, assez alourdi, pour ne pas relever son âme vers les idées célestes, à l’heure où se produisaient ces faits terribles, alors que Dieu portait sa loi. – Enfin, Moïse parlait, et, Dieu lui répondait. Il fallait, en effet, que cette, voix de Dieu se fit entendre ; voulant présenter, sa loi par l’organe de Moïse, il devait d’abord montrer ce Prophète comme digne de foi. D’ailleurs, on n’apercevait point Moïse à cause de cette sombre nuée ; on ne pouvait non plus l’entendre à cause de la faiblesse de sa voix. Que restait-il donc, sinon que Dieu parlât lui-même, que sa voix s’adressât au peuple et fit écouter ses lois divines ?
Mais rappelons-nous notre premier texte : « Car, vous ne vous êtes point approchés d’une montagne sensible, d’un feu ardent, du son de la trompette, et de cette voix que ceux qui l’entendirent s’excusèrent d’entendre, ne voulant plus qu’elle prononçât un mot ». Les Israélites furent donc cause que Dieu se montra dans notre chair. Car que disaient-ils ? « Que Moïse nous parle, et que Dieu cesse de nous parler ».
Les orateurs qui procèdent par comparaisons, rabaissent plus que de droit les sujets étrangers, pour montrer que le leur est bien plus grand. Je me plais à croire au contraire, que ces faits de l’Ancien Testament sont admirables, puisqu’ils sont les œuvres de Dieu et les démonstrations de sa puissance ; et cependant je démontre que notre histoire, à nous, présente plus et mieux à notre admiration. Nos mystères sont doublement grands, puisqu’ils sont plus glorieux et plus nobles, et toutefois d’un accès bien plus facile. C’est ce que saint Paul écrit aux Corinthiens : « Nous voyons, nous, à face découverte, la gloire du Seigneur » ; tandis que Moïse couvrait son visage d’un voile. Ainsi, dit l’apôtre, nos pères n’ont pas été honorés à l’égal de nous. Car, quel honneur leur fut accordé ? Celui de voir ces ténèbres et cette nuée, et d’entendre la voix divine. Vous l’avez entendue, vous aussi, cette voix, non pas à travers la nue, mais par l’organe d’un Dieu fait chair. Loin d’être troublés et bouleversés alors, vous êtes restés de bout devant sa face, vous avez conversé avec votre médiateur.
D’ailleurs, par les ténèbres du Sinaï, l’Écriture nous montre quelque chose de tout à fait invisible : « Une noire nuée », dit-elle, « était sous ses pieds ». Alors Moïse même tremblait ; main tenant, il n’est personne qui tremble. Alors, le peuple se tint au bas de la montagne ; mais nous, loin de rester en bas, : nous montons au-delà des cieux, nous approchons de Dieu même, à titre d’enfants, mais non pas comme Moïse. – Là, on ne voit que désert ; chez nous, c’est la cité, c’est l’assemblée de milliers d’anges ; c’est la joie et l’allégresse qu’on nous montre, au lieu de ces nuages, de ces ténèbres, de cette tempête ; c’est « l’Église des premiers-nés qui sont inscrits dans les cieux ; c’est Dieu, juge de tous les hommes ». Là n’approchèrent jamais les Israélites ; ils se tinrent bien loin en arrière, Moïse comme les autres : vous, au contraire, vous vous êtes approchés. – Toutefois, l’apôtre leur imprime la crainte, en ajoutant : Vous voici aux pieds du Dieu ; juge de tous les hommes, de celui dont le tribunal s’élève, non seulement pour les juifs et pour, les fidèles, Mais pour le monde entier. « Les esprits des justes parfaits » désignent ici les âmes de tous les bons. – « Jésus, médiateur du. Nouveau Testament, et l’aspersion de son sang », rappellent notre justification du péché : – « De ce sang qui parle mieux que celui d’Abel ». Si le sang même peut parler, à plus forte raison peut et doit vivre votre Sauveur mis à mort autrefois.
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