Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/73

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pour vous ouvrir une voie de salut ; il leur a donné l’indigence pour vous offrir de gagner le ciel. Un maître se fait moins respecter quand il reçoit quelque chose ; on honore bien davantage celui qui n’accepte rien. Mais aussi le disciple n’y gagne pas, il perd un noble fruit de charité. Voyez-vous la sagesse de Dieu, l’ami et le sauveur du genre humain ? Il n’a pas lui-même cherché sa propre gloire ni étudié ses intérêts ; il était dans la gloire, et il a voulu s’avilir pour votre bonheur. C’est aussi son plan pour les docteurs de sa loi. Il pouvait nous les montrer vénérables, il a préféré les faire voir abaissés, dans votre intérêt, et vous donner l’occasion de vous enrichir. Oui, pour vous faire moissonner les biens spirituels, Dieu veut que ses ministres éprouvent des besoins temporels. Rien ne l’empêchait de leur donner tout en suffisance ; je vous l’ai prouvé par maintes raisons ; pour votre intérêt, nous l’avons fait voir, Dieu les a laissés dans le besoin.
Convaincus de ces vérités, livrons-nous désormais non plus à notre caractère accusateur, mais à l’esprit de bienfaisance. Au lieu de scruter les défauts d’autrui, connaissons bien nos propres misères ; pensons aux bonnes œuvres du prochain ; n’étudions pas moins nos propres péchés, et nous plairons à Dieu. Celui qui ne veut voir dans les autres que leurs péchés, et dans lui-même que ses vertus, celui-là se cause un double dommage. Dans les uns il trouve sujet d’orgueil ; dans les autres il rencontre scandale et tentation de négligence. En effet, tandis qu’il se rappelle qu’un tel et une telle sont tombés, lui-même se facilite les chutes et les défaillances ; et quand, d’autre part, il croit avoir bien agi, facilement il s’enflera d’orgueil. Qu’un homme, au contraire, oublie ses propres bonnes actions et ne pense qu’à ses péchés ; que dans les autres il cherche volontiers, non les fautes, mais les actes conformes à la vertu ; il a dès lors tout à gagner. Et comment ? Le voici. La vue du prochain dans l’exercice du bien vous décide, par une sainte envie, à suivre son exemple ; le souvenir de vos péchés, d’autre part, rabaisse votre arrogance et sauve en vous la modestie.
Si nous retenons ces pensées et si nous y conformons notre conduite, nous pourrons atteindre enfin les biens promis de la vie future, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ… Ainsi soit-il.

HOMÉLIE X.


AU RESTE, MES FRÈRES, RÉJOUISSEZ-VOUS DANS LE SEIGNEUR. IL NE M’EST PAS PÉNIBLE, ET IL VOUS EST AVANTAGEUX QUE JE VOUS ÉCRIVE LES MÊMES CHOSES. (CHAP. 3,1 à 7)

Analyse.


  • 1. Heureux de leur écrire, il les invite à éviter les judaïsants.
  • 2. Il leur montre en quoi consiste la vraie circoncision, et témoigne qu’ayant tous les avantages de la loi, il a tout sacrifié pour Jésus-Christ.
  • 3-5. Exhortation contre le luxe. – L’orateur montre les désavantages temporels d’un luxe exagéré, ainsi : luxe inutile des vêtements ; luxe plein de folie de l’or employé en bijoux ; luxe incroyable et ruineux de l’ameublement et de la décoration des maisons. – Le luxe envisagé au point de vue moral n’est pas moins malheureux. – Le luxe ne rend pas la vieillesse moins lourde, ni la vertu plus facile ; le luxe, au contraire, empêche la pratique de la vertu : on abuse des biens de Dieu et on oublie les pauvres. – Les pierreries n’ont de prix que dans notre imagination.



1. Les chagrins et les inquiétudes, lorsque l’âme en est déchirée à l’excès, la privent de sa force propre. L’apôtre réveille et ranime les Philippiens, parce qu’il les voit en proie à de profonds chagrins. Ils s’affligeaient d’ignorer où en étaient les affaires de Paul ; ils s’affligeaient parce qu’ils le croyaient mort ; ils s’affligeaient à propos de la prédication et au sujet d’Epaphrodite. Sur tous ces points, il les comble d’assurances consolantes, et il conclut : « Pour tout le reste, mes frères, réjouissez-vous », car vous n’avez plus aucun sujet de tristesse. Vous avez Epaphrodite que vous regrettiez ; vous avez Timothée, moi-même j’arrive, l’Évangile progresse : que peut-il vous manquer ? Réjouissez-vous ! – Et tandis