Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’il appelle les Galates du nom de fils, il nomme ceux-ci ses frères. C’est qu’en effet, lorsqu’il veut administrer un blâme ou témoigner son affection, il choisit le titre de fils ; mais quand ceux à qui il s’adresse lui paraissent mériter plutôt l’éloge que le blâme, il préfère le titre de frères. — Réjouissez-vous « dans le Seigneur », paroles bien justes et vraies, « dans le Seigneur », et non pas d’une joie mondaine. Car celle-ci n’est point véritable ; tandis que, d’après saint Paul, les souffrances en Jésus-Christ ont toujours leur bonheur. « Il ne m’est pas pénible et il vous est avantageux que je vous écrive les mêmes choses : Gardez-vous des chiens, des mauvais ouvriers, des faux circoncis ».

Vous voyez que saint Paul n’a pas commencé par les avertissements. Au contraire, il leur a donné plusieurs éloges, il leur a témoigné son admiration ; il les loue de nouveau, avant de donner des avis. C’est qu’en effet, un discours d’avis est, de sa nature, pénible à entendre : aussi veut-il l’adoucir de toutes manières.

Qui appelle-t-il « des chiens ? » C’étaient ces mêmes hommes que toutes ses épîtres laissent deviner, juifs impurs et abominables, avides d’argent et d’empire, et qui, pour attirer à eux nombre de fidèles, prêchaient à la fois le judaïsme et le christianisme, corrompant ainsi l’Évangile. « Prenez garde » à eux, dit-il, car ils sont difficiles à découvrir ; prenez garde « à ces chiens ». Les juifs ne sont plus les enfants de Dieu ; le nom de chiens qui désignait autrefois les gentils, leur convient maintenant. Comment ? Parce qu’autant les gentils étaient éloignés de Dieu et de Jésus-Christ, autant les juifs ont rompu avec lui. Cette appellation si rude met à nu leur impudence, leur malice, leur séparation profonde et haineuse d’avec les enfants légitimes. Que les gentils aient été appelés chiens d’abord, la Chananéenne vous l’apprend : « Oui, Seigneur », s’écrie-t-elle ; « mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ». (Mat. 15,27) Mais pour qu’ils n’aient pas même cette espérance d’être parmi les chiens admis autour de la table de famille, il ajoute un mot qui les exclut absolument : « Prenez garde aux mauvais ouvriers ». Désignation étonnamment bien choisie : mauvais ouvriers, puisqu’ils travaillent sans doute, mais au bénéfice du mal ; leur labeur est pire que l’oisiveté, puisqu’ils renversent les plus nobles institutions de Dieu.

« Prenez garde aux faux circoncis ». La circoncision, chez les juifs, était chose honorable, puisque devant elle la loi cédait, le sabbat n’était plus un jour sacré. Car pour donner la circoncision, on violait le sabbat, tandis que la loi de circoncision ne pliait pas devant celle du saint repos. Comprenez de là l’économie du plan divin : la circoncision était plus respectée que le sabbat lui-même, puisqu’aucun temps ne pouvait en dispenser. Or la première loi est tombée : combien plus le sabbat avec elle ! Aussi Paul ne laisse pas même à la circoncision son nom en cet endroit. Il ne dit pas qu’elle soit mauvaise, qu’elle soit inutile, pour ne pas irriter les sectaires ; mais il poursuit plus prudemment le même but, détournant de la cérémonie même dont il leur laisse encore le nom imparfait, mais avec le désir d’ébranler cette loi. Avec les Galates, il procède autrement. Comme cette plaie des faux circoncis y était plus dangereuse, il tranche dans le vif hardiment et avec une grande autorité. Avec les Philippiens, au contraire, comme les mauvaises doctrines n’avaient pas de succès, il épargne leurs oreilles et ne leur dit rien de dur tout en les combattant là comme ailleurs : Prenez garde « aux faux circoncis. C’est nous qui sommes la vraie circoncision » ; comment ? « Puisque nous servons Dieu en esprit sans nous flatter d’aucun avantage charnel ». Il n’a pas dit : Comparons entre cette circoncision et cette autre, et jugeons laquelle est préférable. Il ne donne pas même à ce rit à jamais éteint son nom antique : Ce n’est plus la circoncision, dit-il, ce n’est plus qu’une « concision », une plaie inutile, et pourquoi ? C’est que les juifs se bornent à retrancher leur chair. Dès qu’une telle observance n’est plus consacrée par la loi, elle n’est plus qu’une incision, qu’une section. Peut-être aussi la désigne-t-il sous ce nom, parce que ces sectaires cherchaient à fractionner, à diviser l’Église. Notre, langue [grecque] emploie ce terme κατατομή pour toute manière de couper quand elle est maladroite et sans règle.

2. Mais si vous tenez, dit l’apôtre, à connaître une circoncision véritable, vous la trouverez chez nous qui servons Dieu en esprit », c’est-à-dire par notre âme et notre