Page:Cicéron, Démosthène - Catilinaires, Philippiques, traduction Olivet, 1812.djvu/127

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avoit l’art de diriger un complot, assez d’éloquence pour séduire, un bras pour exécuter. Il savoit, entre ses confidens, distinguer à quoi chacun devoit être employé : mais ne se contentant pas d’avoir donné ses ordres, il vouloit tout voir, mettre la main à tout. Actif, vigilant, infatigable, ne craignant ni froid, ni faim, ni soif.

17. Je l’avoue, Romains, si je n’avois pas éloigné un homme si remuant, si déterminé, si audacieux, si rusé, si appliqué à concerter ses projets, si attentif à les suivre, j’aurois eu peine à dissiper la tempête qui vous menaçoit. Il n’eût pas, sans doute, remis aux Saturnales la ruine de la République : il ne l’eût pas annoncée si long-temps auparavant : il n’eût pas risqué des lettres écrites de sa main, et cachetées de son cachet, témoins irréprochables de son crime. Au lieu qu’en son absence tout cela s’est fait : mais si bien, que jamais vol domestique ne fut plus évidemment, plus incontestablement découvert, que l’a été ce prodigieux attentat. J’avois eu beau me précautionner, comme j’ai fait, contre un tel ennemi : s’il fût demeuré à Rome jusqu’à ce jour, nous aurions été forcés d’en venir aux mains, pour ne rien dire de pis ; et certainement nous n’aurions pu, tandis qu’il auroit été au milieu de nous, pourvoir à notre sûreté avec tant de loisir, de Silence et de repos.