Page:Cicéron, Démosthène - Catilinaires, Philippiques, traduction Olivet, 1812.djvu/155

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c’est qu’en effet il voit que souvent nos pères ont employé ce genre de peine contre de méchans Citoyens. Quant au second, il est persuadé que de soi la mort n’est point une peine imposée aux hommes par les Dieux immortels ; que c’est plutôt ou une indispensable loi de la nature, ou la fin de nos travaux et de nos misères ; que par cette raison elle a toujours été soufferte tranquillement par les sages, souvent même avec joie par des âmes courageuses : mais que certainement une prison et une prison perpétuelle, est une peine inventée exprès pour punir les grands crimes. Il faut, conclut de là César, tenir nos coupables en prison, et les disperser dans les villes municipales. Mais de commander que ces villes s’en chargent, il me paroît que cela est dur ; et, si l’on ne fait que les en prier, elles s’y rendront difficilement. Ordonnez pourtant ce qu’il vous plaira. Je m’y conformerai, et je trouverai, du moins je l’espère, des gens qui tiendront à honneur d’exécuter ce que vous aurez cru nécessaire pour le salut public.

8. César ajoute que chaque ville répondra, sous de grièves peines, des prisonniers à elle confiés : il les condamne à une captivité horrible : il veut, et c’étoit une précaution à prendre contre de si grands criminels, que jamais on ne puisse demander leur grâce, ni au Sénat, ni au Peuple : il leur ravit jusqu’à l’espérance, seule consolation des misérables : il ordonne la confiscation de leurs biens : il ne leur laisse que la vie sans doute, de peur qu’en la leur ôtant, ce ne fût mettre fin par un tourment seul, à tous leurs maux, et d’esprit et de corps. Aussi nos anciens, pour effrayer les méchans, ont-ils enseigné que dans les Enfers il se trouve d’autres tourmens : et cela parce qu’ils