Page:Cicéron, Démosthène - Catilinaires, Philippiques, traduction Olivet, 1812.djvu/75

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l’accusé ? Combien, qui, scélérats eux-mêmes, tâchaient de le servir ? Je lui aurois cependant ôté la vie, et il y a long-temps, au hasard devoir ma conduite blâmée ; au hasard même d’y périr, si j’avois cru que sa mort vous eût mis en sûreté. Mais quelque juste qu’elle fût, si je l’avois ordonnée avant que son crime fût notoire, j allois par là soulever contre moi une infinité de personnes qui m’auroient mis hors d’état de poursuivre ses complices. J’ai donc voulu amener les choses au point que Catilina étant reconnu incontestablement pour ennemi, vous pussiez ouvertement le combattre.

4. Or jugez, Romains, si je le trouve bien à craindre dehors, puisque c’est pour moi une peine qu’il ne soit pas sorti mieux accompagné. Plût aux Dieux qu’il eût emmené avec lui toute sa suite ! Car que nous a-t-il emmené ? Un Tongillus, à qui dès l’enfance il s’étoit[1] prostitué. Un Publicius, un Munatius, dont les dettes, contractées au cabaret, n’eussent pu causer de mouvement dans l’État. Mais quels hommes nous a-t-il laissés ? Et qui ne seroit effrayé de leurs dettes, de leur crédit, de leurs alliances ?

III. J’ai le dernier mépris pour une armée où il n’y aura que vieillards réduits au désespoir, que paysans conduits par un esprit de libertinage, que dissipateurs, que banqueroutiers, à qui, je ne dis pas seulement la lueur de nos armes, mais un simple édit du Préteur feroit prendre la

  1. Pour entendre ainsi, quem amare in prætexta calumnia cœperat, il faut regarder le mot calumnia, comme étant de trop dans celle phrase. C’est en effet l’un des partis que Muret propose ; mais en avouant qu’il n’y a rien de certain à dire là-dessus. J’ai rapporté, dans le Cicéron de M. le Dauphin, les autres conjectures des Critiques, qui ont cherché à éclaircir ce passage.