toutes les lois, de toute l’autorité du sénat, de tous les droits de la religion et du respect dû aux auspices, borné, comme je le suis, par le temps, je ne vous ferai aujourd’hui aucun reproche à cet égard : on nous donnera le temps nécessaire pour ce débat. Maintenant nous allons parler de l’accusation relative à Saturninus et à la mort de l’illustre Labiénus, votre oncle.
VI. Vous accusez C. Rabirius d’avoir tué L. Saturninus, et déjà C. Rabirius, appuyé d’un grand nombre de témoignages, et victorieusement défendu par Q. Hortensius, a prouvé la fausseté de cette accusation. Pour moi, si la question n’avait déjà été vidée, j’accepterais l’accusation, je prendrais tout sur moi, j’avouerais tout. Oui, plût aux dieux que l’état de la cause me permît de déclarer hautement que L. Saturninus, ennemi de la république, est mort de la main de C. Rabirius ! J’entends des cris qui, loin de m’effrayer m’encouragent ; ils prouvent que, s’il est parmi vous des citoyens peu éclairés, ils ne sont pas nombreux. Jamais, croyez-moi, le peuple romain, qui garde en ce moment le silence, ne m’eût appelé au consulat, s’il avait pensé que je pusse être troublé par vos clameurs. Mais déjà combien vos cris sont plus faibles ! Que ne retenez-vous ces murmures, qui trahissent votre folie et témoignent de votre petit nombre ! Je voudrais, je le répète, pouvoir en faire l’aveu, si la chose était vraie, et si je parlais le premier dans la cause ; oui, j’avouerais que Saturninus a péri sous les coups de C. Rabirius, et je verrais dans cette action le plus beau titre de gloire. Mais puisque cela ne m’est pas permis, j’avouerai un fait qui, sans être aussi honorable pour mon client, ne sera pas moins favorable à l’accusation. J’avoue donc que Rabirius a pris les armes dans l’intention de tuer Saturninus. Qu’en dites-vous, Labiénus ? Attendez-vous de moi un aveu plus important ? y a-t-il contre lui une plus grave accusation ? A moins que vous ne mettiez une différence entre le meurtrier et celui qui est armé pour le meurtre. Si le meurtre de Saturninus est un crime, on n’a pu sans crime prendre les armes contre lui : mais si vous m’accordez qu’on a eu le droit de prendre les armes, il faudra m’accorder aussi qu’on avait le droit de lui donner la mort.
(Quelques éditeurs supposent ici une légère lacune)
VII. Un sénatus-consulte ordonne que les consuls C. Marius et L. Valérius, assistés des tribuns et des préteurs, qu’il leur plaira de choisir, veillent au maintien de la puissance et de la majesté du peuple romain. Ils convoquent tous les tribuns du peuple, excepté Saturninus ; tous les préteurs, excepté Glaucia : ils commandent aux citoyens qui veulent le salut de la république de prendre les armes et de les suivre. Tout le monde obéit : on tire des édifices et des arsenaux publics des armes que le consul C. Marius distribue au peuple romain. Dès à présent, et sans entrer dans d’autres détails, je vous le demande, Labiénus, lorsque Saturninus en armes occupait le Capitole, et qu’il avait avec lui C. Glaucia, C. Sauféius, et même ce prétendu Gracchus, échappé de la prison et des fers de l’esclavage ; j’ajouterai, puisque vous le voulez, Q. Labiénus, votre oncle : d’un autre côté, lorsque, dans le forum, les consuls C. Marius et L. Valérius Flaccus, et à leur suite tout le sénat, ce sénat, dont vous-même, détracteur des patriciens de votre temps, ne cessez de faire l’éloge pour rabaisser plus facilement le sénat d’aujourd’hui ; lorsque tout l’ordre des chevaliers romains, et quels che-