CHAPITRE XXXI.
DIGRESSION SUR LE TESTAMENT D'ÉPICURE.
Tournez-vous de tous côtés, Torquatus ; vous ne trouverez rien dans cette belle lettre d’Épicure qui s'accorde avec sa doctrine : au contraire, il s'y réfute lui-même ; et ce n'est que par l'opinion qu'il a laissée de sa probité et de ses mœurs, que ses écrits ont eu tant de cours. Le soin qu'il a de recommander de jeunes enfants, le souvenir d'une amitié longtemps cultivée, et l'attention aux devoirs de la vie sur le point de mourir, marquent en lui une probité naturelle et gratuite, qui ne pouvait alors être excitée ni par la volupté ni par l'espoir de la récompense. Ainsi, pour être entièrement convaincus que ce qui est juste et honnête est désirable pour lui-même, quel plus grand témoignage en cherchons-nous que celui que par sa lettre