il nous en donne en mourant ? Mais comme, après avoir traduit sa lettre presque mot à mot, je crois devoir la louer, quoiqu'elle ne s'accorde aucunement avec sa doctrine ; aussi je trouve que son testament est non-seulement fort éloigné de la gravité d'un philosophe, mais fort différent encore de ses propres dogmes. En effet, il a écrit souvent fort au long, et très-expressément dans le livre que j'ai cité, “ que la mort ne nous touche en rien, parce que ce qui est dans une entière dissolution n'a nul sentiment, et que ce qui n'a nul sentiment ne peut nous intéresser. ” Ici même il pouvait s'exprimer mieux ; car il ne dit pas très-clairement ce qu'il entend par ce qui est alors dans une entière dissolution.
Je ne laisse pas pourtant de saisir sa pensée. Mais, je le demande, puisque par cette dissolution, c'est-à-dire par la mort, toute sorte de sentiment est éteint, et qu'alors il ne reste plus rien qui nous appartienne, pourquoi a-t-il tant de soin d'ordonner “ qu'Amynomaque et Timocrate, ses héritiers, donnent tous les ans, au mois de Gamélion, tout ce qu'il faudra pour célébrer le jour de sa naissance, suivant qu'Hermarchus l’aura réglé ? et que chaque mois, tous les vingtièmes de la lune, ils donnent aussi tout ce qu'il faudra pour traiter ceux avec qui il avait philosophé, et pour honorer sa mémoire et celle de Métrodore ? ”