les forêts, voltigeant de branche en branche, remplissent l’air de leur douce harmonie, tu vois avec quelle promptitude le dieu du jour répand les flots de sa lumière et couvre la nature d’un voile éclatant. Cependant ces brillants corpuscules, émanés du soleil, n’ont point un espace vide à traverser ; leur marche se ralentit sans cesse en divisant le fluide de l’air : d’ailleurs, n’étant point simples ni isolés, mais des faisceaux et des masses, ils trouvent en eux-mêmes et hors d’eux des causes de retardement ; au lieu que les éléments de la matière, solides et simples, mus dans le vide, à l’abri des obstacles extérieurs, formant un seul et même tout, et réunissant les efforts de toute leur partie vers l’unique but de leur première impulsion, doivent sans doute être plus actifs, et parcourir un espace infiniment plus considérable dans le même temps où les feux du ciel s’élancent du soleil à nos yeux. Car sûrement tu ne diras pas que les atomes s’arrêtent par réflexion, ni qu’ils aient concerté entre eux un plan régulier de mouvements.
Il y a pourtant des philosophes qui croient que la matière ne peut, sans le secours des dieux, produire tant d’effets réglés et analogues à nos besoins, varier la scène des saisons et produire les végétaux. Insensés ! ils ne voient pas que la volupté, fille du ciel et mère de tout ce qui respire, invite les animaux à engendrer leurs semblables, et qu’ainsi, par Vénus, se perpétue le genre humain. Ils rapportent ces phénomènes à des dieux créateurs ; mais l’univers dément leur système. Oui, quand même je ne connaîtrais pas la nature des éléments, le spectacle du ciel et les phénomènes du monde me prouveraient assez qu’un tout aussi défectueux ne peut être l’ouvrage de la Divinité. Mais réservons ces vérités pour la suite de ce poëme, et continuons à traiter du mouvement des atomes.
Quoique les éléments tendent par leur propre poids vers