premières productions qu’elle hasarda d’exposer à l’inconstance des airs et des vents ?
D’abord, la terre revêtit les collines et les campagnes d’herbes et de verdure de toute espèce ; les fleurs brillèrent parmi le gazon dans les vertes prairies ; ensuite les arbres, animés par une sève abondante, élevèrent à l’envi leurs rameaux dans les airs. De même que les plumes, les poils et la soie sont les premières parties qui naissent aux volatiles et aux quadrupèdes, de même la terre, encore nouvelle, commença par produire des plantes et des arbrisseaux ; ensuite elle créa toutes les espèces mortelles, avec une variété et et des combinaisons infinies : car certes les animaux ne sont pas tombés du ciel, et les habitants de la terre ne sont pas sortis de l’onde salée. Il faut donc que la terre ait reçu avec raison le nom de mère, puisque tout a été tiré de son sein. Aujourd’hui encore beaucoup d’êtres vivants se forment dans la terre à l’aide des pluies et de la chaleur du soleil. Est-il donc surprenant qu’un plus grand nombre d’animaux plus robustes en soient sortis dans le temps où la terre et l’air jouissaient de la vigueur du jeune âge ?
Dans ces premiers siècles, plusieurs espèces ont dû périr sans pouvoir se reproduire et se multiplier. En effet, tous les animaux actuellement existants ne se conservent que par la ruse, la force ou la légèreté dont ils ont été doués en naissant, excepté un certain nombre que nous avons pris sous notre protection, à cause de leur utilité. Les lions cruels et les autres bêtes féroces se défendent par la force, les renards par l’adresse, les cerfs par la fuite. Le chien fidèle et vigilant, les bêtes de somme, la brebis couverte de laine, le bœuf laborieux, sont des espèces confiées à note garde. Ils évitaient les bêtes féroces, recherchaient la paix, et voulaient une nourriture abondante, acquise sans danger : nous la leur accordons, comme un salaire des services qu’ils nous rendent. Mais les animaux que la nature n’avait pas pourvus des qualités nécessaires pour vivre indépendants ou pour nous être de quelque utilité, pourquoi nous serions-nous chargés de