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DES SUPRÊMES BIENS
ET
DES SUPRÊMES MAUX[1]

LIVRE PREMIER


CHAPITRE PREMIER

Préambule.

Cicéron se propose de traiter en latin les sujets déjà traités par les philosophes grecs. Réponse à diverses objections contre la philosophie.

Je n’ignorais pas, Brutus, en confiant à la langue latine des sujets déjà traités en grec par des philosophes d’un grand génie et d’un profond savoir, que mon travail allait encourir des reproches divers. Les uns, sans être absolu-

  1. Le titre De finibus bonorum et malorum est traduit d’ordinaire par Des bornes des biens et des maux, ou Des vrais biens et des vrais maux. C’est là, semble-t-il, une traduction peu exacte. En effet, Cicéron ne s’occupe proprement, dans ce livre, ni de délimiter les biens et les maux, ni de distinguer les biens et les maux apparents des biens et des maux véritables. L’objet qu’il se propose est nettement indiqué l. I, ch. ix : « Quærimus quid sit extremum, quid ultimum bonorum, quod omnium philosophorum sententia tale debet esse, ut ad id omnia referri oporteat ; ipsum autem nusquam. » Ce ne sont donc pas seulement les vrais biens et les vrais maux que Cicéron recherche : il poursuit avec toute l’antiquité le souverain bien, τὸ τέλος, τὸ οὗ ἕνεϰα (v. Platon, Lysis ; Aristote, Éthique à Nicomaque, init. ; J. Stobée, Eclogœ Ethicœ, p. 278, éd. Heeren ; Sextus Empiricus, Pyrrh. Hypotyp., I, 25). Cicéron ne fait que traduire en latin le titre des traités grecs Περὶ τέλους et Περὶ τέλων.

    Ce qui a longtemps embarrassé les commentateurs, c’est le mot malorum. J. Scaliger (De subtil. exerc., CCL) et Muret (Var. Lect., xvii, I) blâment tous deux Cicéron d’avoir employé l’expression fines malorum. Mais, comme le remarquent Davies et Madvig, Cicéron n’a fait, ici encore, que traduire le grec : τελιϰά ϰαϰά (v. Diog. Laer., ii, 97). Une fois