matières dont Aristote avait parlé avant lui, ne fait-il pas encore plaisir à lire[1] ? Et les épicuriens n’écrivent-ils pas tous les jours autant qu’ils veulent sur des sujets déjà traités par Épicure et par les anciens ? Si les Grecs sont lus par les Grecs sur les mêmes choses traitées d’une manière différente, pourquoi les Latins, qui les ont aussi traitées avec la même diversité, ne seront-ils pas lus par les Latins ?
CHAPITRE III
Préambule (suite).
Éloge de la langue latine.
Et quand même je ne ferais que traduire Platon ou Aristote, comme nos poètes ont traduit les tragédies grecques, mes concitoyens me sauraient-ils peu de gré de leur faire connaître de la sorte des esprits sublimes et presque divins ? Mais c’est ce que je n’ai point encore fait : et toutefois, quand l’occasion s’offrira de traduire quelques endroits des deux grands hommes que je viens de nommer, de même qu’Ennius a traduit quelques endroits d’Homère, et Afranius
- ↑ Théophraste était de Lesbos. Il entendit Platon, fut disciple d’Aristote, et succéda à ce dernier. Un peu avant sa mort, ses disciples lui demandèrent une dernière pensée ; il leur dit d'après Diogène Laërce, V, 2 : « L'amour de la gloire fuit qu'on méprise les douceurs de la vie ; nous mourons quand nous commençons de vivre, et rien n'est plus vain que la passion de la gloire. Soyez heureux, et prenez le parti, ou de quitter l'étude de la sagesse, car elle donne bien de la peine, ou de vous y attacher entièrement, car elle vous acquerra un grand honneur. Du reste, il y a plus de frivolité que d'agrément dans la vie. »
rapporte que, lorsqu’en s’en allant Pompée lui demanda s’il n’avait rien à lui dire, Posidonius répondit par ce vers d’Homère :
Être toujours meilleur et plus grand que tout autre. »