habitants de Consente et pour les Siciliens qu’il écrivait ! C’est une de ses ingénieuses plaisanteries : mais il n’y avait pas alors beaucoup de savants personnages, de l’approbation desquels il dût se mettre fort en peine ; et dans tout ce qu’il a écrit, il y a plus d’agrément que de savoir. Pour moi, quel lecteur aurais-je à redouter, puisque c’est à vous, qui ne le cédez pas aux Grecs mêmes, que j’adresse mon ouvrage, en retour de votre excellent livre sur la Vertu ? Mais je crois que, s’il en est qui n’aiment pas ces ouvrages en langue vulgaire, c’est qu’ils sont tombés sur des livres mal écrits en grec, et encore plus mal traduits. Alors, je suis de leur avis, pourvu qu’ils pensent de même des originaux. Quant aux ouvrages remarquables par l’excellence de la pensée, la gravité et l’ornement de la diction, qui pourra refuser de les lire, à moins de vouloir passer tout à fait pour Grec, comme Albucius, que Mucius Scévola, préteur, salua en grec à Athènes ? Lucilius, qui a ici beaucoup de grâce et d’esprit, fait dire à Mucius :
« Albucius, vous comptez donc pour rien
Que dans ses murs Rome vous ait vu naître ?
Mais, puisque c’est d’Athènes citoyen
Que vous voulez dans Athènes paraître,
Pour vous traiter comme vous voulez l’être,
Je vous reçois en vous disant : χαϊρε ! ”
Au même instant toute la compagnie,
Jusqu’aux licteurs, lui crie aussi ; χαϊρε !
Et de là vint qu’il fut toute sa vie
De Mucius ennemi déclaré. »