une fois ils ont pris une chose fausse pour une vraie, on ne peut plus s’assurer de pouvoir juger sainement de rien.
Le point sur lequel Épicure insiste le plus, c’est cette question où la nature elle-même, comme il dit, apporte la solution et la preuve, je veux parler de la volupté et de la douleur : c’est à ces deux choses qu’il rapporte tout ce que nous recherchons ou évitons. Cette doctrine est d’Aristippe, et elle a été mieux et plus librement soutenue par les philosophes de sa secte que par Épicure. Cependant rien ne paraît plus indigne d’un homme qu’une pareille opinion ; et il me semble que la nature nous a faits pour quelque chose de plus grand. Peut-être suis-je dans l’erreur ; mais je ne puis croire cependant que celui qui eut le premier le nom de Torquatus, à cause du collier qu’il arracha à l’ennemi, le lui ait arraché par un sentiment de volupté ; ni que par le même sentiment il ait combattu contre les Latins devant Véséris, dans son troisième consulat. Et quand