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MADAME ROLAND

des Patriotes, celui de Mme Roland. On disait plutôt alors les Brissotins, les Rolandistes, les Buzotins, les Bordelais. Brissot, l’abbé Fauchet, évêque constitutionnel du Calvados, soutenaient également ce parti qui comprenait aussi les anciens zélateurs de La Fayette et certains des premiers Jacobins, Manuel et Condorcet en tête.

Il n’est pas tout à fait exact de dire, avec la plupart des historiens, que Mme Roland fut un « chef de parti ». La Gironde était un parti composé de clans. Mme Roland était, si l’on veut, le chef ou plutôt l’inspiratrice du clan Roland, Lanthenas, Barbaroux, Bosc, Buzot, Brissot, Pétion, etc., mais il est vrai que, dans le parti, cette fraction (qui ne comprenait cependant pas Vergniaud) était la plus brave, la plus éloquente.

Chef ou inspiratrice, pour le moment Mme Roland est lasse de Paris. Paris était beau à voir à l’aube de la Révolution. Maintenant Paris lui fait pitié. Elle aspire à l’air frais et pacifiant de la campagne. Le Clos l’appelle comme un asile. Elle veut « revoir ses arbres » et fixe son départ.

D’ailleurs, la mission de Roland est terminée : la ville de Lyon a été exonérée de 33 millions sur 39.

Le 3 septembre 1791, Mme Roland se met en route. Elle emmène sa nouvelle amie Mme Sophie Grandchamps, trop souvent l’occasion de difficultés avec Bosc, homme sensible et nerveux, parfois d’humeur assez difficile.

Combien Mme Roland est une amie bonne et patiente ! Comme elle comprend ! Comme elle excuse ! Comme elle écrit de tendres lettres ! Comme elle persuade doucement, chaleureusement !

La veille de son départ pour le Beaujolais, elle apprend que Bosc lui reproche d’avoir organisé en dehors de lui le voyage de Mme Grandchamps au Clos. Au milieu des tracas et des paquets, mal portante par surcroît, elle vole rue des Prouvaires, chez l’ami susceptible qui s’arrange pour être absent. Mais elle <ref follow="p79">d’autres départements, tels que Buzot, Pétion, Barbaroux, etc. Le livre de Lamartine a popularisé le terme de girondin, qui n’était presque pas employé à l’époque.</poem>