Page:Clément - La Revanche des communeux.djvu/73

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Les mêmes qui ont hurlé, il y a un mois à peine : Vive la guerre ! à Berlin ! les mêmes qui ont voté oui à tous les plébiscites et applaudi à tous les crimes de l’empire vous abordent sans vous connaître et vous tutoyent absolument comme si l’on avait gardé, avec eux, Napoléon III et sa bande. L’un de ces bedonnants s’adresse justement à un ouvrier de Montmartre qui n’est pas content :

— Eh bien ! nous la tenons, cette fois, hein !…

— Quoi ? la variole ! lui répond l’ouvrier qui a deviné son homme.

— Farceur ! la République !

— Et ta sœur !…

Le bedonnant comprend et s’éloigne en riant jaune. Jamais, on peut le dire, on ne vit plus d’enthousiasme que dans cette journée-là. On aurait pu faire du peuple ce qu’on aurait voulu ; il était prêt à tous les sacrifices. On n’avait qu’une idée, et les socialistes la communiquaient à tous : sauver la France, mais, en même temps, la République.

Fidèles au rendez-vous, comme je l’ai dit dans le chapitre précédent, ils étaient là, unis, et ils avaient fait des efforts surhumains pour que le pouvoir ne tombât pas entre les mains de ces hommes qui devaient nous conduire à la capitulation.

On peut affirmer que cette journée du 4 Septembre décida du sort de la France et de la République.

Mais, comme toujours, on endormit la foule en lui parlant d’union en face du danger ; en lui disant qu’il fallait agir vite ; qu’au dessus des théories, il