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Page:Cléri - Le Crime de la chambre noire, 1915.djvu/12

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hors de danger.

Toutefois, il fut convenu que Mme Mauvin afin d’éviter qu’elle ne succombât à la fatigue que lui occasionnait durant toute la journée les soins à donner à la malade, ne veillerait celle-ci que durant quelques heures de nuit et serait aidée dans cette tâche par son époux.

Il fallait voir ces parents au chevet de leur fille, tremblant au moindre soupir, reprenant courage au moindre sourire, pour comprendre toute la grandeur de l’amour familial. Comme on le voit, Judith Mauvin était on ne peut mieux soignée.

Raymond Dauriac passa la première unit dans la chambre qu’occupait la blessée, ne prenant qu’un peu de repos dans un fauteuil.

Cette veillée fut calme.

Il n’en fut pas de même de la seconde.

Vers onze heures du soir, alors que Judith Mauvin venait de s’endormir et que Raymond Dauriac assis près d’elle, lisait à la lueur d’une lampe, des cris étouffés s’élevèrent soudain. Ils semblaient sortir des murs mêmes du salon. C’était une plainte monotone, lugubre, prolongée, comme un gémissement ininterrompu de malade.

Judith Mauvin s’éveilla et regarda son fiancé qui prêtait l’oreille au bruit étrange qui lui parvenait, indistinct.

— Ces gémissements vous étonnent ? lui dit-elle.

Il se retourna vers elle.

— En effet, dit-il.

— Nous y sommes habitués ici.

— Vous les avez donc entendus souvent ?

— Très souvent. Voici des années déjà que