Page:Cléri - Le Crime de la chambre noire, 1915.djvu/13

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l’on entend, certaines nuits, ces appels déchirants qui viennent on ne sait d’où et semblent filtrer au travers des murs. Mon père suppose que c’est le bruit du vent qui, en s’engouffrant dans des cheminées bizarrement construites, produit ce bruit qui ressemble à des gémissements humains. Les serviteurs du château originaires de la contrée prétendent, eux, que ces plaintes sont poussées par les âmes des malheureux qui furent jetés vivants dans les oubliettes du manoir. D’autres disent que ce sont les mânes des malheureuses épouses du baron Gaspard de Sauré qui crient vengeance ! Ce sont là des racontars. Des paysans affirment, au surplus, avoir déjà vu errer sur les tours, les fantômes des anciennes baronnes.

— Il est de fait, remarqua Dauriac, que ces bruits ressemblent étrangement à des voix humaines.

— C’est vrai, mais nous y sommes habitués ici et n’y attachons plus aucune importance. Ces mêmes bruits, ont du reste, déjà été entendus autre part.

— Où donc, mon amie ?

— À un quart de lieue d’ici : ils sortent parfois d’une espèce de gouffre ténébreux qui s’ouvre dans la montagne boisée et que, en raison de son apparence infernale, on appelle « Le Trou du Diable ».

— Tout cela est bien fantastique. Et ce « Trou du Diable » n’a jamais été exploré ?