Page:Clapin - Sensations de Nouvelle-France, 1895.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
58
Sensations de Nouvelle-France

de gestation, aura pris son entier développement, elle devra se rattacher par des fibres directes à l’ivresse, et comme à l’exagération de vie, que toute cette robustesse débordante de la nature, que tout cet infini, toujours et partout, développe et transfuse chez l’individu ; ivresse de vie que ce cow-boy l’Ouest — dont j’ai parlé dans Outre-Mer — m’avouait ressentir chaque fois que, monté sur son mustang, il se dressait sur ses étriers pour humer l’air matinal courant sur les prairies.

Et cette sorte de patriotisme sera, si l’on veut, comme aux États-Unis, fort vivace.

Dans un récent article, paru dans la Fortnightly Review, Mme Olive Schneider, qui habite l’Afrique du Sud et qui aime passionnément sa nouvelle patrie, raconte un épisode bien « nature » de l’une de ses excursions à travers la colonie du Cap. C’était sur la route entre Port Elizabeth et Grahamstown, et elle avait cette fois-là pour compagne de diligence une pauvre femme du peuple venant d’arriver d’Angleterre. Tout le jour la voiture avait roulé péniblement à travers un désert de hautes herbes, et, à la nuit tombante, on venait de gravir une hauteur pour y