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Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/108

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LES JACQUES

moi au point de m’épier ? Peut-être est-ce rencontre fortuite. La coïncidence m’étonnerait pourtant. D’ailleurs, à Dieu va !

Frère Loys rebroussa chemin, vers le logis de maître Nicole Flamand. Il passait rue de l’Échaudé quand il entendit un marchand de pâtisserie qui s’en allait criant la marchandise qu’il portait devant lui sur une claie d’osier : Bon flan ! bonnes oublies ! Galette toute chaude ! Gastel à fèves !

Le marchand s’approcha du moine :

— Galette brûlante ?

Comme frère Loys refusait, le marchand dit, clignant de l’œil.

— Place de la Cathédrale, il y a gentil spectacle à contempler, frère moine.

Était-ce hasard ou signal ? Frère Loys ne le sut pas. Néanmoins il suivit le conseil et changea de route. Arrivé à la hauteur de la cathédrale, il vit qu’autour d’un tréteau bayaient d’aise une foule de gens. Sous un habit rouge aux grelots de folie, un bonnet d’étoffe semblable emprisonnant étroitement sa chevelure, il reconnut Conrad le Jongleur qu’on appelait aussi Conrad le Musicien et à l’occasion Conrad le Baladin.

Se tenaient là deux ou trois bourgeois confortablement vêtus de pelisses bordées de peaux de chats, l’escarcelle à la ceinture et la tête couverte du capuchon terminé en bourrelet auquel pendait une longue et étroite pointe entortillant le col, une dame et sa servante sous cornette toutes deux, un

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