ou deux statues, quelques têtes ou quelques torses et même de modestes fragmens. C’est un inventaire complet de ce qui avait été ramené à la superficie de Rome. Mais certainement son sein en recelait encore une bien plus grande quantité. Des fouilles bien entendues, qui se succédèrent presque tous les ans à Rome et aux environs, furent souvent très-productives ; mais aussi bien des années plus infructueuses ne rendirent au jour que des bustes, des bas-reliefs ou des fragmens. Toutes ces fouilles ont eu, pour en en conserver le souvenir, des témoins oculaires qui en ont enregistré avec soin les produits. C’étaient du antiquaires de mérite, tels que Flaminio Vacca, Ficoroni, Pietro Sante Bartoli, Winckelmann et Carlo Fea. Celui ci a recueilli tous ces documens jusqu'en 1795, et il en a continué la série. Il assure même ( ) que ce qu’il indique est tout ce qui a été découvert en statues depuis l’ouvrage de Flaminio Vacca, 1594, jusqu’en 1795. Ce nombre n'est pas très considérable, et il ne faut pas oublier qu’une assez grande quantité de statues qu’avait produites le sol romain ne restèrent pas à Rome ; qu'elle était devenue comme le trésor où l’Europe éclairée se fournissait de statues et de monumens, et qu'il en partit de Rome, aux XVIe et XVIIe siècles, temps de l’ardeur des fouilles, une grande quantité qui, brillantes colonies, allèrent former des réunions considérables dans diverses contrées de l’Europe. Ainsi Rome fut loin de conserver toutes les statues qu’elle avait recouvrées. On ne peut donc être que très-surpris de voir à quel nombre prodigieux les portent, en 1755, l’abbé Barthélemy ( ), et en 1770, le savant Oberlin ( ), qui font monter, celui ci à soixante mille et l’auteur d’Anacharsis à soixante et dix mille les statues existant de leur temps à Rome et aux environs ; sans que l’on sache pourquoi Oberlin retranche dix mille statues d'un trait de plume des soixante et dix mille dont les antiquaires romains avaient, au rapport de l’abbé Barthélemy, si libéralement doté la ville éternelle. Mais on pourrait assurer, sans craindre de se tromper, qu'il n'y en eut jamais une telle quantité, même aux époques les plus florissantes de Rome, et encore moins aux temps modernes, après toutes les des- [XXVI]
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