Page:Claretie - Bouddha, 1888.djvu/68

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comme une fusée, et qu’un de mes Algériens, — vingt-cinq ans, mon cher, et beau comme un bronze antique, — se dressant sur la crête du terrassement, me disait :

— Tu veux, toi, le Bouddha, mon capitaine ?… Tu vas l’avoir !

Et moi lui criant : « Mohammed ! Mohammed ! je te défends… » il n’en courait pas moins, bondissait comme un chat vers la pagode, s’enfonçait dans le trou noir, et je le suivais, l’appelant toujours, les deux autres Africains arrivant au pas de course sur mes talons…

Pauvre fou de Mohammed-ben-Saïda ! Il y a, à Alger, une vieille femme, un aïeul et de jeunes frères qui l’avaient accompagné, silencieux et résignés, lorsqu’il s’était embarqué, et qui l’attendent ! Ils l’attendront toujours !