Page:Claretie - Jules Verne, 1883.pdf/21

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gaz, trop dilaté, avait crevé son enveloppe !… Je fermai les yeux…

« Quelques instants après, une chaleur humide me ranima. J’étais au milieu de nuages en feu. Le ballon tournoyait avec un vertige effrayant. Pris par le vent, il faisait cent lieues à l’heure dans sa course horizontale, et les éclairs se croisaient autour de lui. Cependant ma chute n’était pas très rapide. Quand je rouvris les yeux, j’aperçus la campagne. J’étais à deux milles de la mer, et l’ouragan m’y poussait avec force, quand une secousse brusque me fit lâcher prise. Mes mains s’ouvrirent, une corde glissa rapidement entre mes doigts, et je me trouvai à terre. »

Ces pages n’ont-elles point un double intérêt ? Ne rappellent-elles pas la catastrophe terrible du Zénith, où M. Gaston Tissandier faillit mourir et où ses courageux compagnons trouvèrent la mort ? Et ne montrent-elles pas un Jules Verne avant la lettre, si je puis dire, tout à fait entraînant déjà ?

Ce fut en 1863 que Jules Verne publia, chez Hetzel, son premier « roman scientifique ». Le roman, qui a été tour à tour intime, héroïque, épileptique, historique, philosophique, macabre, socialiste, pittoresque, américain, national, idéaliste, réaliste, naturaliste, devenait électrique. Ce premier roman scientifique s’appelait Cinq semaines en ballon, et le succès en fut considérable. Il y a là des pages d’une