Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/144

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fou échappé poussant des clameurs. Deberle entendait, parmi ces hurlements, craquer les hêtres. Sa première pensée fut :

— Et le drapeau ?

Le drapeau planté par Orthegaray, l’immense guidon que suivait des yeux la troupe en marche, ce vent de furie allait-il le respecter ou l’abattre ?

Peut-être la tempête, qui grondait surtout dans les fonds, ne monterait-elle pas jusqu’aux sommets. Elle battait cependant, la faisant claquer comme les voiles d’une barque en détresse, la toile secouée des tentes. Et, au-dessus de sa tête, Deberle entendait passer les hurlements, les bruits, les cris, les jappements de ces chevauchées des nuits de vent que les paysans appellent les « chasses volantes ».