Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/52

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table, nous romprons le pain et partagerons le sel sans craindre un incident diplomatique. Voulez-vous ?

Le lieutenant sembla réfléchir un moment — très peu de temps — sourit gaiement, et dit :

— Permettez-moi d’avertir mon capitaine !

— De l’avertir et de l’inviter, lieutenant. De la part du capitaine Deberle, je vous prie !

Le lieutenant appela, du geste, un sergent, lui donna tout bas les ordres et les renseignements voulus, et, pendant que le sergent, d’un pas allègre de chasseur de chamois, descendait, en sautant de saillie en saillie, sur le roc, les soldats des deux nations s’apprêtaient à faire halte, sur ce pic, le pauvre idiot continuant à les regarder toujours tour à tour, distrait, attiré par ces uniformes