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ne pouvait mordre au grec et au latin, Paradol réussit à le faire mordre au français. J’ai publié jadis dans le journal le Temps une lettre que Paradol écrivait à Halévy et où il lui disait à peu près : « Si tu es paresseux, tâche d’avoir au moins la paresse intelligente. Lis, lis beaucoup, mais très bien ; tiens, voilà ce qu’il faut lire. »

« C’est le grand service qu’il m’a rendu, dit encore Halévy en parlant de Paradol ; il avait quatre ans de plus que moi, il m’a fait bien lire. »

Il n’y a rien, je crois, en effet, de plus fâcheux que de mal lire, quand on est jeune, rien de meilleur que de bien lire. Que de dimanches passés par Ludovic Halévy avec Paradol, enfoncés tous deux dans La Bruyère, Saint-Simon, Pascal, Voltaire, Rousseau, Balzac, Musset, George Sand, Mérimée ! Voilà ce que lisaient les jeunes gens aux environs de 1848. Que lisent-ils aujourd’hui ? Pour la plupart, du moins, des livres à scandale et des journaux de courses. Je regrette pour eux les conseillers de l’exquisité de Paradol.

Je voudrais, à propos de l’écrivain très parisien qui a signé, créé, fait vivre la Famille