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dans l’administration, surtout au Corps législatif. « J’ai vu de près, me disait-il, la cuisine politique ; cela ne m’a pas donné envie d’en manger. » C’est après la mort de M. de Morny, en 1865, que Ludovic Halévy donna sa démission. Il avait trente et un ans et treize ans de services. On l’avait décoré en 1864, comme ancien chef de bureau. Ancien chef de bureau en 1864, ancien chef de bureau, il y a près de vingt ans !

Dans l’énumération de ses nombreuses fonctions, j’ai oublié la plus originale et la plus amusante de ses occupations administratives : Halévy était, en 1854, attaché au ministère d’État, quand le gouvernement chargea des sénateurs et des conseillers d’État d’aller examiner l’état de la France et de constater la situation de l’esprit public. Un de ces missi dominici le prit pour secrétaire. C’était M. Villemain, ancien intendant militaire, conseiller d’État, frère de M. Villemain, le secrétaire perpétuel de l’Académie française, homme d’infiniment d’esprit et qui aimait le whist à la folie. Si j’appuie sur ce détail, on va comprendre pourquoi.

M. Villemain et son secrétaire avaient à parcourir seize départements. Leur tournée devait