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durer et dura quatre ou cinq mois. Or, pendant ces quatre ou cinq mois, la grande affaire du secrétaire était d’organiser le whist de son conseiller d’État. En effet, la liberté du soir était à ce prix pour Ludovic Halévy ; quand il avait installé son chef à sa table de whist avec trois Périgourdins, ou trois Limousins ou trois Bordelais, il redevenait son maître.

M. Villemain et lui consacraient généralement une dizaine de jours à chaque département, trois ou quatre jours au chef-lieu du département, un ou deux au chef-lieu d’arrondissement. Or, la première phrase de M. le secrétaire à tout nouveau préfet ou sous-préfet était une invariable exhortation à trouver le moyen d’arranger le soir le whist de Monsieur le conseiller d’État. Cela n’était pas toujours facile. Une fois même, Halévy s’en souvient, la partie de whist faillit avoir des conséquences désastreuses pour un malheureux petit sous-préfet, perdu dans un vilain trou de troisième classe et grillant d’en sortir ; j’imagine que, vues de près ainsi, ces petites misères du fonctionnarisme ont dû rendre Halévy quelque peu sceptique sur les grandeurs humaines. La machine administrative a besoin, pour marcher,