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d’une certaine huile, et cette huile tache les doigts.

Pendant que, le soir, le conseiller d’État de Ludovic Halévy faisait son whist, lui rentrait à l’hôtel et écrivait, sur le grand papier en tête de la mission, une comédie en trois actes, intitulée : la Fille d’un Mécène.

On revint à Paris au mois d’octobre 1854. M. Villemain rapportait seize rapports constatant que, dans seize départements, « les masses profondes du suffrage universel étaient foncièrement impérialistes » ; sous tous les gouvernements, on se grise ainsi d’optimisme et on se guide sur les rapports puisés dans quelque partie de whist. Bref, tandis que son chef revenait avec ces seize beaux rapports sur les sentiments dynastiques de seize départements, lui, Halévy, rapportait la Fille d’un Mécène et rentrait à Paris avec sa comédie.

« Dès son arrivée — a-t-on raconté déjà, — l’auteur envoya son « œuvre » à Alphonse Royer, alors directeur de l’Odéon. Royer lui répond : « Ce n’est pas l’affaire de l’Odéon ; ce serait charmant au Gymnase. » Halévy envoie la pièce à Montigny. Montigny lui répond : « Ce n’est pas l’affaire du Gymnase ; ce serait charmant à l’Odéon. » Le débutant pouvait envoyer la pièce au Vaudeville, qui l’eût à la fois renvoyée à l’Odéon et au