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des chevaux, quand on a porté un pourpoint de velours ? »

Pourquoi ? — Pourquoi la vie ne tient-elle pas toutes ses promesses ? Pourquoi les espérances s’enfuient-elles ? Pourquoi cette force qui nous abandonne ? Pourquoi le temps marche-t-il ? Pourquoi tant d’orages et de misères, tant de triomphes sans lendemain, de journées commencées par l’aurore souriante, terminées par la pluie et la boue ? Pourquoi le vent du sort nous balaye-t-il tous comme des feuilles mortes ? Pourquoi tant d’essors brisés et tant d’Icares tombés de si haut ?

En vérité, ce n’est pas à l’homme que le pamphlétaire devait adresser une telle question. Le hasard seul, peut-être, l’aveugle hasard, pouvait répondre.

Quand Borel eut usé son pourpoint de velours, le pourpoint romantique, il ôta ce pauvre vieux costume devenu haillon ; mais loin de le rejeter, comme l’ont fait tant d’autres, où l’on jette les choses inutiles, il le conserva pieusement, en quelque recoin caché, et parfois, — qui sait ? —