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Page:Claretie - Petrus Borel, le lycanthrope, 1865.djvu/19

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Il écrivait alors sur son cahier de notes (Voir la préface de Champavert) :

Hier mon père m’a dit : « Tu es grand maintenant, il faut dans ce monde une profession ; viens, je vais foffrir à un maître qui te traitera bien, tu apprendras un métier qui doit te plaire, à toi qui charbonnes les murailles, qui fais si bien les peupliers, les hussards, les perroquets ; tu apprendras un bon état. » Je ne savais pas ce que tout cela voulait dire, je suivis mon père, et il me vendit pour deux ans.

Il ajoute plus tard :

Voilà donc ce que c’est qu’un état, un maître, un apprenti. Je ne sais si je comprends bien, mais je suis triste et je pense à la vie ; elle me semble bien courte ! Sur cette terre de passage, alors pourquoi tant de soucis, tant de travaux pénibles, à quoi bon ? Se caser !… Que faut-il donc à l’homme pour faire sa vie ? Une peau d’ours et quelques substances !

Et encore :

Si j’ai rêvé une existence, ce n’est pas celle là, ô mon père ! Si j’ai rêvé une existence, c’est chamelier au désert, c’est muletier andaloux, c’est Otahitien !

Pétrus avait déjà rêvé mieux que cela. Il voulait être poëte, poëte ! Anch’ io son