Page:Claretie - Petrus Borel, le lycanthrope, 1865.djvu/26

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geait la poitrine. Sa belle tête souriait.

À mon air enjoué, mon rire sur la lèvre,
Vous me croyez heureux, doux, azyme et sans fièvre…

Il passait, vêtu de son costume de bousingo : le gilet à la Robespierre, sur la tête le chapeau pointu et à large boucle des conventionnels, les cheveux ras à la Titus, la barbe entière et longue au moment où personne encore ne la portait ainsi, l’œil superbe, les dents magnifiques, éblouissantes, un peu écartées, beau comme Alphonse Rabbe, cet autre révolté qu’on appelait L’Antinoüs d’Aix[1]. À le voir ainsi, insolemment beau, triomphant, on n’eût pas deviné ce qu’il souffrait. Ce même homme pourtant, l’effarement des bourgeois, l’envie des jeunes gens, la curiosité des femmes, dissimulait une douleur pro-

  1. Voyez sur Rabbe mon petit volume intitulé Elisa Mercœur, H. de la Marvonnais, George Farcy, Ch. Dovalle, Alphonse Rabbe (Paris, Bachelin. Deflorenne. In-18, 1864). — C’est le point de départ de ces études sur les Contemporains oubliés.