Page:Claretie - Petrus Borel, le lycanthrope, 1865.djvu/53

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être embastillé ? — Monsieur, dit le commandant du poste, inutile de feindre ! Vous avez la démarche républicaine ! »

On retrouve dans les Rhapsodies les échos de toutes ces excentricités et de toutes ces aventures. Aussi bien est-ce un livre curieux et précieux à plus d’un titre, hautain, irrité, farouche, féroce, au demeurant le plus amusant livre du monde. L’auteur n’a pas manqué d’écrire une préface. Un livre sans préface en 1851, chose impossible ! Pétrus Borel commence la sienne ainsi :

Il faut qu’un enfant jette sa bave avant de parler franc ; il faut que le poëte jette la sienne ; j’ai jeté la mienne : la voici !… Il faut que le métal bouillonnant dans le creuzet (sic) rejette sa scorie ; la poésie bouillonnant dans ma poitrine a rejeté la sienne : la voici !… — Donc, ces Rhapsodies sont de la bave et de la scorie. — Oui ! — Alors pourquoi à bon escient s’inculper vis-à-vis de la foule ? Pourquoi ne pas taire et anéantir ? — C’est que je veux rompre pour toujours avec elles ; c’est que, parâtre que je suis, je veux les exposer, et en détourner la face ; c’est que tant qu’on regarde ces choses-là, on y revient toujours, on ne peut s’en détacher ; c’est que sérieusement, une nouvelle ère ne date pas pour le poëte, qui sérieusement ne prend un long essor que