Aller au contenu

Page:Claretie - Petrus Borel, le lycanthrope, 1865.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

du jour où il tombe au jour ; il faut au Peintre l’exposition, il faut au Barde l’impression.

Et de ce ton un peu solennel, avec des expressions cherchées et souvent trouvées, il continue sa profession de foi. « Ceux qui liront mon livre me connaîtront : peut-être est il au-dessous de moi, mais il est bien moi. » L’orgueil de Pétrus est là tout entier. « Voilà mes scories, semble-t-il dire, que penserez-vous donc de ma lave ! » Puis il se confesse : les confessions étaient de mode aussi. Son livre, dit-il, est un ensemble de cris ; il a souffert ; sa position n’a rien de célestin ; la dure réalité lui donne toujours le bras. Puis il s’exalte, il s’irrite, il s’inocule une colère qui devient singulièrement éloquente.

— Je ne suis ni bégueule ni cynique ; je dis ce qui est vrai… Jamais je ne me suis mélancolie à l’usage des dames attaquées de consomption. Si j’ai pris plaisir à étaler ma pauvreté, c’est parce que nos Bardes contemporains me puent avec leurs prétendus poëmes et luxes pachaliqués, leur galbe aristocrate, leurs mômeries ecclésiastiques et leurs sonnets à manchettes ; à les entendre, on croirait les voir un cilice ou des armoiries au flanc, un rosaire ou un émerillon au