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Page:Claretie - Petrus Borel, le lycanthrope, 1865.djvu/80

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avait louée cinq cents francs, fort satisfait, cria un long very well en applaudissant des mains. »

Dans la nouvelle qui suit, Jacques Barraou le charpentier, et qui nous raconte la haine et la jalousie de deux nègres de la Havane, je trouve un passage à noter, un horrible duel, un tableau de boucherie peint par Borel avec la crudité de Ribeira. Je transcris :

Le lendemain, lundi, dès l’aube du jour, Amada dormait encore, Barraou vint à la Havane.

On le vit tout le jour dans le quartier qu’habitait Gédéon Robertson.

Quatre jours et quatre nuits il rôda dans la ville, sans succès.

Quand il trouve son rival, Juan, il lui crie simplement : « Arrête ! Défends-toi si tu peux ! »

En disant ces mots, il se jetait sur lui comme une hyène, pour le frapper de son coutelas ; Juan esquiva le coup, et, tirant vite son couteau, il pourfendit l’avant-bras de Barraou, qui le saisit à la ceinture en lui poignardant le côté. Juan, désespéré, se laissa tomber sur lui, le mordit à la joue, déchira un lambeau de chair qui découvrait sa mâchoire ; Barraou lui cracha aux yeux du sang et de l’écume.