Page:Claretie - Petrus Borel, le lycanthrope, 1865.djvu/91

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cette belle pensée : « Nous ne manquons pas de Kotzebue en France, ce sont les Karl Sand qui manquent ! » C’est pousser la charge un peu trop loin.

Et ce n’est pas tout. La pétition à la Chambre, que rédige Passereau en rentrant chez lui, est le comble de l’ironie sépulcrale. Il s’adresse aux députés, il leur demande une loi nouvelle, un nouvel impôt, l’impôt sur les moribonds, — un impôt « très-butyreux », dit-il froidement. Il a calculé qu’il se suicide, en moyenne, dix personnes par jour « dans chaque département, ce qui fait 3,650 par an, et 3,660 pour les années bissextiles. Somme totale pour la France, année commune, 302,950 et 303,780 pour les autres. » Eh bien ! pourquoi le gouvernement ne ferait-il pas établir à Paris et dans chaque chef-lieu de département « une machine, mue par l’eau ou la vapeur, pour tuer, avec un doux et agréable procédé, à l’instar de la guillotine, les gens las de la vie qui veulent se suicider ? » On n’exigerait de ces gens-là qu’un droit de passe, l’impôt de