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Page:Claretie - Victor Hugo, 1882.pdf/39

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mêmes de ceux qui ne sont plus ; c’est tout un monde disparu qui revit avec lui, c’est Nodier, Chateaubriand, Lamennais, Rabbe, Béranger ; c’est Théophile Gautier jeune, Louis Boulanger, Charlet, Gérard de Nerval ; puis les hommes politiques, 1830, 1848, le 2 Décembre, la proscription, le retour, les premières soirées du siège dans le petit hôtel de la rue de Navarin, les réceptions à l’hôtel du pavillon de Rohan, Bruxelles, la rue de Clichy, l’avenue d’Eylau.

On fera certainement, quelque jour, pour les menus propos de Victor Hugo, ce que le scribe Eckermann a fait pour les Conversations de Goethe. De jeunes écrivains, M. Rivet, M. Talmeyr et M. Barbou déjà ont commencé, avec succès, mais n’ont pu tout dire. Je ne sais point d’homme, en ce temps où la parole des gens ressemble si peu à leurs écrits, qui soit dans ses propos, comme dans ses ouvrages, aussi identique à lui-même que Victor Hugo. Il a des mots qui ne sont qu’à lui, des figures d’une fulgurance étrange. Je lui ai entendu, un soir, comme il affirmait la vie éternelle, s’écrier avec un accent passionné :

— Oui, je sens que je ne serai complet que là-haut ! Ce que je dirai plus tard, je le balbutie