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Page:Claude ANET-les rose d Ispahan la perse en automobile.djvu/21

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Cette brève histoire renferme une moralité.

Comment sept personnes raisonnables prirent-elles la résolution d’aller à Ispahan en automobile ?

Le désir de voyager en auto ailleurs que sur la route quî mène de Toulon à Nice, incita un de mes amis, le prince Emmanuel Bibesco, à parcourir la corniche de la Crimée, Il la visita d’abord sans quitter son domicile, en lisant son Bædeker et en regardant les cartes. Le Bædeker lui apprit, entre autres choses, qu’il y a un service de bateaux de Sébastopol à Bâtoum au Caucase. C est à ce moment, vers le Ier janvier 190^, qu’il m’en parla.

Il faudrait ne rien savoir de la géographie pour ignorer que le Caucase est un pays de montagnes admirables et que les Russes y ont construit des routes* Nous voici donc voyageant au Caucase (toujours de la même paresseuse manière, remontant les vallées, franchissant les cols, nous reposant dans les villes. Et nous arrivons sur la carte à Bakou. La mer Caspienne nous arrête. Nous passons quelques jours dans la ville du pétrole.

Puis Emmanuel Bibesco revient me voir.

— Savez-vous où est Resht ? me dit-il,

— Resht en Perse ?

— Resht en Perse.

-— Pas très loin de la mer Caspienne, au sud.

— Souvenez-vous que nous sommes à Bakou,

— Je vois les patrouilles de cosaques dans les rues.

— Des bateaux à vapeur vont deux fois par semaine de Bakou à Enzeli, port de Resht…

Mon cœur commence à s’agiter.

— Et de Resht à Téhéran, continue-t-il, les Russes ont construit une route excellente de trois cent vingt-cinq kilomètres, où les automobiles…