rons-nous cette ville, riches de quelles expériences, épuisés de quelles fatigues ?
De Bucarest à Giurgevo, il y a une soixantaine de kilomètres de très bonne route roumaine, ce qui équivaut à une médiocre route française. Le pays est plat avec quelques rangées de collines peu élevées. Je cherche le Danube à l’horizon, je ne le vois pas.
A Giurgevo, déjeuner fort gai ; des musiciens de rendrait quittent leurs boutiques de cordonnier ou de tailleur, mettent une redingote, et nous déjeunons en musique, puis valsons dans la grande salle du cercle. Danserons-nous à Téhéran ? Partons d’abord pour le Danube qui est à quelques kilomètres de la ville.
Le voici enfin, roulant des eaux jaunies par les pluies du printemps ; en face de nous, très loin, c’est la rive bulgare aussi déserte que la roumaine.
À l’embarcadère des bateaux, nous trouvons nos bagages arrivés par le train. Chacun de nous se précipite pour voir s’il a son compte de colis, valises, malles, châles, etc.
J’admire les voyageurs qui, partant pour des pays lointains et des contrées désertes, ne nous parlent jamais de leurs bagages. Il semble qu’ils soient des êtres immatériels, corps célestes ou purs esprits, insensibles au froid, à la pluie, à la soif, au manque de nourriture. Nous ne sommes pas ces voyageurs. Il nous faut du linge, des vêtements de rechange, et la << réparation de dessous le nez ». Le souci de transporter avec soi tout le nécessaire est le souci le plus quotidien du voyage, quand on prend les modes de locomotion que nous avons choisis. Chaque jour, il faut défaire et refaire ses valises, déplier et replier les châles, alors qu’on est abîmé de fatigue. Je supplie le lecteur de compatir à nos peines et d’abord de faire connaissance avec nos bagages.
Dénombrement des Bagages. — Nous sommes sept voyageurs, plus
trois mécaniciens. Nous avons droit, chacun de nous, à deux valises,
improprement dénommées à main. Nous y ajoutons sournoisement
un nombre considérable de petits colis qui, soi-disant, ne comptent
pas, et que nous passons le plus clair de notre temps à compter, La
chasse et la réunion de ces multiples colis suffiraient à lasser une
activité moins dévorante que la nôtre. Les seuls appareils de photo-