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Page:Claude ANET-les rose d Ispahan la perse en automobile.djvu/26

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graphie forment un bataillon important : il y a trois kodaks pliants avec objectifs Gœrz ou Zeiss. un petit panoramique qui ne se laisse pas réduire, et un grand panoramique qui est hors toute mesure, fl emplit à lui seul la caisse de l’auto ; ses angles sont incisifs et, à chaque cahot, il nous entame les tibias, A la halte, il sert de tabouret ou de table ; c’est du reste Punique service qu’il rend pendant longtemps, car il se refuse obstinément h photographier les paysages devant lesquels nous le faisons fonctionner. Nous emportons deux fusils inutiles, mais qui tiennent leur place et la nôtre ; comptez enfin les fourrures, peaux de bique, caoutchoucs, manteaux, cache-poussiere, couvertures et châles, les jeux de casquettes pour neige et pour soleil, les sacs à main insidieux qui ne sont pas des valises, et les nécessaires de toilette. Voyez l’amoncellement de ces colis qui doivent être transportés avec nous dix dans les trois autos ! Regardez lus valises ouvertes, les châles défaits, le désordre de nos chambres d bote] ! Imaginez P affairement de chacun de nous à retrouver ce qui lui appartient ! Supputez les retards inévitables !

En outre, il y a des malles qui, elles, prennent des trains, des bateaux, la poste. Ce sont des malles indépendantes : elles font un voyage d’agrément, de leur côté ; il est fort rare qu’elles consentent à se rencontrer avec nous à l’étape. Nous les retrouvons dans des endroits inattendus, et toujours avec le même plaisir étonné.

Enfin tous ces bagages sont à Giurgevo, tous, sauf un carton a chapeaux qui, en objet très malin, a préféré se perdre à la première étape,

Et nous nous embarquons à bord du bateau autrichien.

Sur le Danube. — Les rives du fleuve sont sauvages, du côté bulgare accidentées, du côté roumain plates. A droite, des troupeaux de moutons sur les montagnes ; à gauche, des saulaies immenses, troncs énormes et mutilés sur lesquels poussent de jeunes branches aux feuillages fins. Des canards s’envolent ; un héron argenté se Lève, les ailes claires battent l'air gris. Le ciel est voilé, uniforme ; le Danube s’en va sans fin, couleur de boue, si large qu’on a soudain ta surprise de découvrir qu’une de ses rives boisées est celle d’une île.

Sur le pont, nous sommes comme étonnés d’être partis. Déjà des