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disciple d’Ingres au point de jouer aussi du violon, et de la même manière. Il se montra fort bienveillant pour le nouveau prix de Rome, et voulut faire de la musique avec lui ; toutes les sonates de Mozart pour piano et violon y passèrent, à la grande joie de l’un et de l’autre, sauf que le pianiste, pour suivre son incertain compagnon, se trouvait parfois obligé de transposer en divers tons imprévus au cours du morceau.

Déjà curieux de littérature, il voulut d’abord mettre en musique le drame de Heine, Almanzor. Mais, faute d’une traduction satisfaisante, il abandonna cet ouvrage après la première partie, qui fut son premier envoi de Rome. Le second a une tout autre signification.

Les peintres, les architectes et les sculpteurs vont à Rome écouter les leçons des chefs-d’œuvres ; les musiciens y trouvent le silence ; loin des classes et des concerts, ils peuvent enfin écouter leur pensée. Et parmi eux, ceux qui ne sont pas seulement des auteurs, mais des hommes, prennent conseil d’une nature plus riche et plus grave que la nôtre, d’un peuple qui sait mieux que nous faire bon visage à l’existence. Ceux-là sont rares sans doute : Berlioz en fut à sa manière, qui malheureusement n’était pas assez celle d’un musicien. Pour d’autres, l’Italie n’est