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publié, par les soins de l’auteur du présent ouvrage, dans la Revue musicale, puis acquis par la maison Durand. Telles furent les impressions d’Italie de Claude Debussy.

Mais déjà il poursuivait d’autres rêves. La Damoiselle élue, commencée à Rome et terminée à Paris, succède au Printemps. Le poème de Dante-Gabriel Rosetti venait d’être traduit, en 1885, par M. Gabriel Sarrazin, dans ses Poètes modernes de l’Angleterre. Le musicien s’en empara d’enthousiasme. Il y trouvait cette fois l’Italie céleste et nostalgique dont les préraphaélites, renchérissant sur Dante et Fra Angelico, s’étaient faits les poètes, les peintres, les ascètes et aussi les frères prêcheurs. Rossetti fut le tout ensemble : il faut reconnaître en lui le fondateur de cette confrérie où Ruskin et Burne Jones s’illustrèrent. Il soutint de son mieux le prénom lourd de gloire que son père, ancien conservateur du musée de Naples, lui avait infligé. La Damoiselle élue date, à ce que l’on croit, de 1848 : il avait alors dix-huit ans. Elle célèbre, selon le rite de la nouvelle foi, les chastes noces des sens et de l’esprit. C’est ici une vérité que la femme incarne en son corps ; un paradis qui s’ouvre à la beauté ; une innocence que