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il revenait à Verlaine, dont il mettait en musique la Mandoline, et ces trois mélodies : La mer est plus belle, Le son du cor, L’échelonnement des haies.

C’est vers ce temps que Debussy commença de fréquenter chez Stéphane Mallarmé. C’étaient des amis et des disciples à la fois, qui s’assemblaient, chaque mardi soir, en ce salon aux recoins d’ombre, pour écouter une voix qui fut charmeuse entre toutes, ne prononçant rien que de noble et de pur ; aucun n’a oublié, jusqu’à ce jour, ce sourire discret, ce rayonnement de bonté contenue, cette hauteur de pensée, cette pudeur de l’émotion, ce respect de l’intime et ce sens du secret nécessaire. Ce fut comme un temple du beau ; à l’abri des regards profanes, les mystères s’y dévoilaient : au lieu de cette poésie frileusement repliée sur soi-même, et comme honteuse de se voir nue, on y entendait des discours et des récits dont la délicatesse ne fuyait plus la clarté. Mallarmé aimait tous les arts, et les voulait tous également fiers. Des peintres se rencontraient chez lui avec des poètes et des critiques ; les poètes en plus grand nombre, comme de juste : Gustave Kahn, Henri de Régnier, Pierre Louys, Francis Vielé-Griffin, Stuart Merril. Verlaine venait quelquefois, et se conduisait comme un vieil enfant terrible. Whistler feuilletait l’album d’un artiste