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Cette même année, le 11 janvier, R. Viñes avait joué, à la Société Nationale, une suite Pour le piano, composée de Prélude, Sarabande et Toccata. Un autre recueil, qui sous le titre d’Estampes assemble des vision de danses javanaises (Pagodes), de nuit espagnole (La soirée dans Grenade) et de bosquets parisiens (Jardins sous la pluie), était alors presque achevé ; il parut dans l’été de l’année suivante et fut interprété par le même artiste, au concert de la Société Nationale, en date du 9 janvier 1904. L’un et l’autre écrits sous le règne de Pelléas, ils confèrent à l’instrument marteleur une puissance de rêve inconnue jusque là, et le rendent non point égal, mais pareil à l’orchestre des Nocturnes.

Ici s’arrêtera le récit. Dans un avenir inconnu, s’il est d’usage encore de scinder l’histoire d’une vie en périodes distinctes, c’est aux alentours de ces années aussi que les biographes chercheront à planter un de leurs poteaux-frontières, qui séparera de la maturité la jeunesse. Une jeunesse de bonne heure soustraite aux influences, en possession de son style et créatrice de son art ; jeune cependant, par cette douceur inquiète, cet émoi inapaisé, ces appels sans espoirs, cette grâce voilée, qui aime et craint à la fois, n’ose se livrer qu’aux