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grâce obséquieuse ; les accords fleurent bon ; l’orchestre est fardé ;

Et, jusqu’à « Je vous hais », tout s’y dit tendrement.

Ces fadaises ont souvent consolé le goût français des beautés trop ardues que les maîtres de l’art lui proposaient. Rien ne sert de le nier : nous ne tenons pas, comme le public allemand, à être instruits ou édifiés ; nous aimons notre plaisir, et, quand on nous le donne, passons même sur un peu ou beaucoup de vulgarité. Le succès de tel compositeur trop facile, de tel poète trop aimable, de tel peintre flatteur, est sans doute une honte, mais aussi une leçon qu’il faut savoir entendre, non pour imiter ces courtisans de l’opinion, mais pour apprendre à ne pas la rebuter ; il y a un secret, pour charmer sans bassesse, que Racine a trouvé, comme aussi Watteau, François Couperin, Rameau, et tous nos grands artistes. Les romantiques, trop occupés d’eux, l’ont perdu. C’est pourquoi leur autorité parmi nous dura peu.

C’est en protestation contre eux que des esprits chagrins, comme Camille Saint-Saëns, prétendaient revenir, sans presque y rien changer, au style des classiques. On obtenait ainsi des œuvres respectables et dénuées d’intérêt. Sans doute il y a en toute forme ancienne une part de vérité, mais une part seulement,