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il joue à quatre mains, avec René Chansarel, le Capriccio espagnol de Rimski-Korsakov. Mais ce qu’il cherche pour son compte, ce ne sont pas ces oppositions crues ni ces rythmes sauvages. Il veut une peinture où tous les tons, sans se mêler jamais, cependant se relient entre eux, par les transitions de l’espace : et s’il sait isoler, en commençant le Prélude à l’Après-Midi d’un Faune, la rêverie de la flûte, c’est pour évoquer aussitôt autour d’elle la lumière brûlante, et les « sommeils touffus » de l’air où l’incarnat des nymphes se dissout. Quant aux Nocturnes, si l’ondulation des Nuages rappelle à certaines mémoires un dessin d’accompagnement, dans une romance de Moussorgski, et si, sur la fin des Fêtes, une guirlande de triolets s’infléchit par degrés chromatique, ainsi que dans Tamara de Balakirev, ce sont là de simples rencontres : car rien n’est plus éloigné de l’art russe, et de sa solidité primitive, que ces tableaux où il ne subsiste, des choses, que leur enveloppe de changeante clartés.

Il en est de même pour certaines ressemblances entre Pelléas et Mélisande et Boris Godounov : par exemple, un trait grave qui monte et descend dans l’intervalle d’une quarte dépeint ici le calme monastique, et là le trouble de deux pensées déjà coupables ; il faut en conclure ce qu’on savait déjà : que deux musiciens