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L’orchestre n’a recours au redoublement à l’unisson que s’il est nécessaire pour les effets de renforcement ou de dégradation ; partout ailleurs, il préfère les couleurs sans mélange ; c’est par leur voisinage qu’elles se font valoir, réagissent et jouent. C’est une palpitation continue, une lumière qui frémit, une transparence visible, une ombre faite de reflets, une légèreté de touches pures, directement posées sur la note qui les requiert, ou plutôt venues avec cette note même, qui est mise pour le timbre du violon, du hautbois ou du cor, non pour un autre. Aucun instrument n’est préféré, aucun sacrifié, chacun placé selon son caractère et en raison de l’ensemble. Jamais rien qui fasse une surcharge, un empâtement, une tache ; point de heurts non plus, de contrastes, de reliefs qui viennent en avant : des ensembles continus et distincts, où les plans s’ordonnent et les objets se dessinent par la seule vertu des teintes et des valeurs.

L’harmonie est l’image de la mélodie ; comme elle, très régulière à l’occasion, et même particulière amie de l’accord parfait. Mais elle en aime beaucoup d’autres aussi, que jusqu’alors on rangeait parmi les dissonances et qu’elle reconnaît consonnants : elle ne leur impose aucune suite forcée, aucune résolution ; elle goûte en chacun d’eux un charme propre, qui suffit. C’est qu’elle découvre, entre leurs notes, des