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relations que la théorie de la gamme majeure ne pouvait expliquer, ni par suite reconnaître. On a remarqué, fort ingénieusement, qu’un grand nombre de ces accords répondent à la série des sons harmoniques, prolongée au-delà du sixième. Mais on n’arrive à les y réduire que par les artifices de la transposition à l’octave et du renversement, qui en altèrent le caractère ; on n’a donc pas voulu dire qu’il eût suffi de connaître la série des harmoniques pour inventer des accords valables. L’harmonie des notes, comme celle des couleurs, n’est pas du ressort de la déduction, mais de l’intuition.

De tels accords seront liés entre eux par des affinités du même ordre que celles dont s’appellent les notes de la mélodie : au lieu de signaler un ton, ils formeront eux-même des mélodies libres de toute gamme préconçue, puisées aux sources même de la musique. Tantôt c’est le même accord qui sera maintenu et tracera, de sa sonorité unique et multicolore, un chant, capable lui-même de se composer avec un autre ; ou bien des accords différents se répondront, baignant la mélodie de leurs instables nuances, vagues de lumière.

Une telle musique était analogue à notre poésie et notre peinture ; analogue, et non pareille, puisque